Comme une étrangère,
Elle expose d’abord ces traits inconnus.
Figée, vieillotte et mal vêtue, notre premier instinct est de vouloir s’en détourner.
Puis on lève les yeux
Et en osant la regarder du ciel au sol,
En s’attardant sur son caractère,
En défiant sa décadence,
On est enveloppé
Par le charme de son existence.
Elle dévoile alors sa personnalité.
Elle nous fait voyager, mais cette fois il s’agit d’un voyage dans le temps. L’horloge s’est arrêtée. Tout semble dater d’une autre époque et oh quel bonheur ! Ici pas de tours « multi-services », à droite comme à gauche, ce sont d’immenses maisons coloniales qui nous entourent. De vrais petits palais. Tous sont construits sur le même modèle : des pièces dont les hauteurs de plafonds atteignent 5 à 8m (selon nos approximations), d’immenses colonnes et de gracieuses arcades, des patios intérieurs, des ornements muraux, des balcons en fer forgés, des toits aménagés.
Et de grandes portes en bois, si grandes, qu’émerge l’envie de rentrer et d’entrevoir les secrets de la maisonnée….
La Habana vieja nous a conquise !
Nous et d’autres.
Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis les années 90, le quartier de la Vieille Havane connaît aujourd’hui un vaste chantier de rénovation.
Pour ne pas perdre la beauté du passé.
Batista pourtant en avait programmé la destruction pour satisfaire la soif immobilière des promoteurs de casino.
Les premiers bâtiments réhabilités sont des hôtels, des restaurants, des musées, des supermachés pour touristes possédés par l’Etat. Des endroits où la devise étrangère viendra gonfler l’économie du pays. Les revenus sont ensuite réinvestis dans la restauration d’autres sites.
Et à coté de ce qui devient luxe et volupté
La population de la vieille Havane s’entasse là où elle le peut encore.
L’habitat est sommaire, voire rudimentaire
Pour ne pas dire précaire.
Les cubains se partagent l’espace intérieur en bricolant des étages, des cloisons,
En créant des petites maisons à l’intérieur des grandes maisons.
Un jour viendra, la gentrification…